Bonjour, moi c’est Lucas, j’ai 9 ans et je vais au CMPP… Ah tu connais pas ? C’est pas grave, on est plein à venir ici et tous ensemble on va te le raconter ! Tu vas voir, c’est un peu comme une aventure. Une aventure pour mieux se comprendre et avancer.
Lundi : C’est quoi ce CMPP bizarre ?
Alors déjà, le CMPP, c’est pas un nom facile. Moi, au début, je croyais que ça s’appelait le « CM PiPi… Le CM PiPi c’est de la crotte ! » mais maintenant je sais que c’est un endroit important. C’est pas une école, c’est pas un hôpital non plus… « C’est un peu comme un hôtel, il y a des portes partout ! » Derrière chaque porte, il y a des gens qui t’écoutent, qui te comprennent, même quand t’es pas d’humeur ou que t’as envie de tout casser.
Y en a qui disent que c’est un « bâtiment pour les enfants qui ont des problèmes de comportement » ou que c’est « un endroit où tous les enfants qui ont des difficultés viennent pour qu’à un moment ils réussissent à quitter le CMPP car ils ne vont pas y rester toute leur vie » ou encore « un endroit pour se sentir libre, plus léger, pour ne pas garder au fond de soi des choses difficiles ».
Moi je dirais que c’est un « un endroit vraiment bien, qui aide à notre avenir, à progresser ».
Mardi : Il y en a du monde là-dedans !
Je m’aperçois que plein de personnes travaillent ici. D’abord quand on arrive y a « la dame de la cueillette », puis « y a une dame qui m’a aidé à surmonter mes difficultés de maths, je l’aimais bien ». Et c’est ici que pour la première fois, « j’ai travaillé avec un psychologue sentimentaliste ». Il y a plein d’autre personnes, mais je les connais pas toutes.
Y a une grande salle pour attendre son rendez-vous. On peut y dessiner, jouer ou prendre un bouquin, comme « La chèvre de monsieur cinglé » par exemple.
Mercredi : Des jeux, et aussi du travail ?
« Je viens au CMPP parce que j’ai des problèmes » mais je sais pas trop lesquels. « Le pourquoi du comment de la chose, on a beau me l’expliquer j’en sais rien, je me rappelle pas, je passe tellement du bon temps que je cherche pas à comprendre ! »
Parfois« j’ai le vertige d’en haut et d’en bas », mais je peux en parler au CMPP et on m’aide à mettre des mots sur ce que je ressens, même si c’est flou. Souvent, je préfèrerais faire autre chose ou être ailleurs, alors je tente « Si tu me laisses pas jouer à l’ordinateur, je te mets un mauvais avis sur Google ! ». Parce que « parler, j’aime pas trop, c’est trop long ».
Mais jouer, ça j’aime. Je joue aux jeux de société, je bouge, je fais du sport, je saute sur le « gropoline ». Il y a aussi de la relaxation, c’est bien pour « faire de la tension et de la détention dans son corps».
Jeudi : Ma famille et moi, c’est pas toujours simple
Chez moi, c’est un peu le bazar. J’ai dit une fois : « Mes parents ont fait ma sœur sans cohérence » parce que ça peut être compliqué à la maison. Et parfois je m’embrouille, même si « C’est le fils de sa mère ». Une famille, d’abord c’est des gens qui se ressemblent, par exemple « mon père aime les maths, j’aime mon père, donc j’aime les maths » et avec qui on peut partager de bons moments, comme quand « Maman a fait des crêpes pour la fête des chandelles ».
Au CMPP, on peut aussi parler de sa famille pour mieux comprendre pourquoi on est comme on est.
Vendredi : J’ai pas toujours envie d’aller à l’école
« L’école c’est nulS. Avec un S. Parce qu’on est plusieurs à pas aimer. » Moi, « j’ai raté mon expérience de CP, j’en ai fait deux ». Et cette année, « je vais passer en CE2, ça ne m’est jamais arrivé ! ». Je suis prêt,« j’adore mon nouveau cartable, tu te rends compte il est made de Chine, mon pays préféré ».
Au CMPP je peux parler de mes difficultés à l’école, parce qu’« il y a des mots qui m’empêchent d’apprendre », que « je ne sais pas encore faire les divisations » ou que parfois il y a des bagarres. Ici c’est plus simple, j’apprends des trucs sans m’en rendre compte, « pour pouvoir résoudre plus de problèmes à l’école ».
Le week-end : J’y pense encore un peu
Le week-end, je vais pas au CMPP, mais parfois j’y pense. Je pense aux jeux, aux moments où j’ai pu me sentir bien, écouté, pas jugé. Et je vois bien que je suis pas tout seul à avoir des difficultés. Bref, « Moi je suis pas un pareil que les mêmes » mais ici, c’est pas grave. C’est même bien.
Merci à tous les enfants du Centre médico psycho pédagogique des PEP09 (CMPP) Foix-Tarascon, qui nous ont prêté leurs mots vrais, drôles et touchants.