Des graffs et des rêves

Éveiller l’artiste qui sommeille en eux, leur donner l’occasion d’exprimer leurs aspirations en couleur… C’était un peu l’objectif de l’atelier graff organisé cet été, une semaine durant, pour les jeunes de la Maison du Prat.

«Nous leur avons proposé ce mode d’expression  visuel pour coller à la culture hip-hop qui les touche et leur parle, comme le rap en musique… » explique Maxime. Avec son collègue éducateur Yohan, tous deux ont encadré ce stage  animé par le graffeur Odul Gleize qui a guidé, avec bonheur, les premiers pas de nos Banksi en herbe dans l’art du graffiti  (lire son témoignage ci-après).

Sept jeunes résidents de la MECS et du SAHO âgés de 9 à 15 ans, se sont, ainsi, lancés dans l’aventure. Au gré de leurs disponibilités, ils ont participé à la conception de la fresque puis à sa réalisation. Elle orne, désormais, le mur du couloir d’entrée de la MECS et affiche plus que des mots… leurs idéaux, leurs espoirs, leurs rêves glanés dans leur imaginaire et défendus au cours d’un atelier d’écriture préparatoire.

« Moi, j’ai choisi le mot Partage – déclare avec  enthousiasme Clément, le benjamin de l’équipe, c’est important de partager » .

On pourra lire aussi Fraternité, un mot choisi par Brahima : « on est comme des frères ici, on est dans le même bateau, on se soutient… » ; on découvrira aussi Solidarité retenu par Sacha,  Amitié proposé par Yaniss, sans oublier Voyage que l’on doit à Dylan ou encore le fédérateur Unité dont Clément  explique qu’il veut dire qu’on est tous ensemble, unis…

Et puis faisant écho à cette ronde de leurs aspirations ainsi affirmées, la farandole des drapeaux de pays d’où, eux et d’autres camarades alors présents à la MECS ou au SAHO, sont originaires : le Brésil, la  Côte d’Ivoire, la  France, l’Italie, le Mali, le Maroc, le Pakistan, le Sénégal, le  Soudan, l’Ukraine sans oublier le drapeau européen et celui des gens du voyage ; une farandole pour dire que la diversité n’est pas un frein à une cohabitation harmonieuse, bien au contraire elle l’enrichit.

Une vraie rencontre

« La rencontre avec les jeunes de la Mecs et du Saho de Foix s’est super bien passée ! Ils ont été tous très disponibles et très intéressés par le projet. J’ai vraiment aimé la manière dont ils se le sont approprié, avec leur idée de drapeaux et c’est eux également qui ont choisi le message « unité ». Je trouve que c’est vraiment un truc qui correspond à leurs personnalités et leurs différentes nationalités.

Voilà, pour moi c’est un atelier qui s’est super bien déroulé et j’aurai vraiment plaisir à le refaire (car j’ai vu qu’il y a plein d’autres murs) !

J’espère vraiment que l’essence de ce projet va leur permettre d’être plus respectueux des lieux. La dimension participative de l’atelier a vraiment bien marché également. En effet, je ne me contente pas de leur dire de prendre les bombes et de peindre ce qu’ils veulent. Ils doivent également apprendre à bosser ensemble, à s’écouter et se laisser de la place. Pour moi, c’est une expérience vraiment réussie, parce que je propose régulièrement ce type d’atelier et le côté du « plaisir à faire ensemble » n’est pas toujours aussi présent. Parfois c’est plus le seul côté décoratif. Ici, les jeunes étaient très motivés pour peindre ; généralement au bout d’une heure, ils ont tendance à décrocher. Ici le groupe était à fond dedans jusqu’au bout !

Pour moi, c’est vraiment un atelier réussi ! »

Odul Gleizes – Graffeur

Si un ou deux avaient déjà expérimenté la pratique du graff, pour les autres ce fut une belle  découverte, une initiation artistique inspirante. Tous disent avoir aimé participer à cette activité créative parce qu’elle leur a demandé de réfléchir ensemble au message que porterait leur fresque et qu’elle a abouti à une belle œuvre collective, une œuvre qui leur ressemblait tout en les rassemblant.

Satisfaction aussi pour l’équipe de la maison du Prat, car ce stage de graff s’inscrivait dans un projet plus large de la structure et qui l’a mobilisée globalement. Ce projet basé, dans le cadre d’ateliers peinture notamment, sur la réhabilitation des chambres et des espaces communs de leur lieu de vie, était prétexte à engager avec les jeunes résidents, une réflexion sur le « vivre ensemble », sans incivilités ni dégradations par exemple.

Un projet qui porte ses fruits puisqu’il a permis de booster une dynamique relationnelle entre tous les acteurs du lieu et de les mobiliser collectivement autour d’initiatives culturelles, artistiques ou autres qu’ils aimeraient développer.

Anne Déro, Comité de rédaction.

Retour aux Articles