Depuis le 31 mai 2013 et la « Circulaire Taubira », des cellules d’évaluation de la minorité et de l’isolement se sont constituées un peu partout en France afin d’examiner la demande d’une personne étrangère se présentant comme MNA (Mineur Non Accompagné) sur le territoire français.
Il s’agit de proposer à toutes les personnes qui viennent demander la protection de l’état français, au titre de leur minorité supposée, de se soumettre à un processus d’évaluation, durant lequel une solution d’hébergement leur est proposée. Cette évaluation repose sur le principe des regards croisés par le biais d’au minimum deux entretiens sociaux-éducatifs et d’une évaluation scolaire. Ce qui, rappelons-le, vient suppléer aux tests osseux, dentaires et autres joyeusetés heureusement désuètes à ce jour.
Il peut paraitre questionnant que Les PEP 09, association d’utilité publique, relevant de l’éducation populaire humaniste, ait accepté cette mission. Cependant en février 2018, s’ouvrait à Foix le DDAEOMIE 09 (Dispositif Départemental d’Accueil et d’Evaluation des Mineurs Isolés Etrangers) cogéré par les PEP 09 et l’ANRAS, une association toulousaine en charge de l’évaluation (SEVA : Service d’EVAluation). Notre association gère quant à elle le SAHO. Elle participe aux évaluations par le biais des observations produites par les éducateurs en charge de la gestion du quotidien. Ce partenariat s’appuie sur une volonté de conjuguer les atouts de ces deux associations :
- L’ANRAS, forte de son expérience des évaluations, liée à l’ouverture de plusieurs DDAEOMIE dans et hors région,
- Et les PEP 09, du fait de leur ancrage territorial, de la présence de la MECS sur le territoire fuxéen et en raison de ses compétences en matière de protection de l’enfant.
Le SAHO est un service qui accueille et met à l’abri de façon inconditionnelle, 7 jours sur 7 et 24/24h, toute personne étrangère arrivant sur le territoire qui en fait la demande. Ce service propose également un accès aux soins par le biais de la PASS’ Santé ariègeoise.
Nous voyons un sens à ne pas permettre à toutes les personnes qui le demandent d’être accompagnées dans les structures de protection de l’enfance, ne serait-ce que pour leur propre santé psychique ou pour éventuellement protéger les mineurs qu’elles y côtoieraient. Il reste tout de même à se demander pourquoi ces jeunes gens sont prêts à traverser la moitié du monde en risquant leur vie pour essayer de se faire reconnaitre mineur par l’état français et ainsi en obtenir la protection ?
En effet, si peu d’entre eux s’avèrent finalement mineurs après évaluation, il n’en reste pas moins que nous repérons chez la plupart de ces personnes une grande vulnérabilité, ne serait-ce qu’en raison du déracinement et/ou des traumatismes liés à leur parcours migratoire (n’en déplaise aux théoriciens du grand remplacement…). Aussi nous interrogeons-nous sur les motivations de ces personnes à risquer leur vie dans l’hypothèse peu probable d’être considéré comme un enfant sur le sol européen ?
Dès lors, dans le cas d’une minorité, le ou la jeune intègre une structure de la protection de l’enfance. Dans le cas d’une majorité avérée, l’équipe du SAHO met tout en œuvre pour informer le public qu’elle accueille, de ses droits et des possibilités de recours. Elle indique les endroits où le secteur associatif peut proposer des aides (repas, douche, vêtements, hébergement…). Depuis son ouverture en 2018, elle a tissé des liens étroits avec la Ligue des Droits de l’Homme en Ariège, au-delà de ses missions initiales…
Si la mission de soumettre ces personnes à l’évaluation de leur âge peut sembler éloignée des fondements du travail social, c’est dans la manière de la mettre en œuvre et de les accueillir durant ce temps que nous faisons preuve d’humanité. La mise à l’abri et l’accueil inconditionnel, l’information des personnes sur leurs droits en France et l’intérêt premier de la personne sont ici nos priorités !
C’est pour ces raisons que les PEP09, et l’équipe du SAHO, ont accepté cette mission. Re-accompagner des personnes vers la rue n’est pas la motivation première pour des gens qui ont choisi d’être travailleur social ! Pour autant, qui, à part des travailleurs sociaux, pourrait prendre en charge ces évaluations ? La police aux frontières ?